Details présente une succession de scènes filmées en plan fixe, tantôt en noir et blanc, tantôt en couleur. Le spectateur est amené à en deviner le motif à travers un cache noir dans lequel est découpé un mot, différent à chaque scène : INSTEAD, BECOMING, CONTINUE, ALONE, UNKNOWN, ESTATIC, FORGOTTEN, EXPECT…
Le dessin des lettres creuse l’écran noir et laisse « entre percevoir » une scène filmée par l’artiste : caméra placée parallèlement à la route lors d’un déplacement en voiture, perpendiculairement au trafic dans une rue à New York, frontalement au mur du musée lors d’une installation de l’exposition de l’artiste…
A chaque scène suggérée correspond un mot. Si la relation entre la signification du mot et ce qui se joue à travers lui tient de l’association d’idée, celle-ci est purement arbitraire et fortuite.
Le rythme des apparitions est scandé par un écran noir et muet. Ce « noir » marque un arrêt avant l’ouverture d’une nouvelle scène et semble alors libérer le fond sonore qui l’habite. Aussi, le système opère un retour syncrétique sur le cinéma muet, en greffant le principe d’intertitre sur l’image filmée elle-même. Mais ici, le « carton », c’est-à-dire le mot, n’indique rien, ni sur ce qui se joue ni sur ce qui va se jouer, il est simplement superposé à l’image en mouvement.
Robert Barry attribue au mot la fonction de cadrage et reformule le lien entre le langage et l’image. Il semble ainsi prendre radicalement le contre-pied des propos de F.W. Murnau, selon qui «le film idéal n’aurait pas besoin de texte» .
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