La musicologue Mylène Pardoen a reconstitué l’ambiance sonore du quartier du Grand Châtelet à Paris, au XVIIIe siècle. Présenté au salon de la valorisation en sciences humaines et sociales, à la Cité des sciences et de l’industrie, son projet associe historiens et spécialistes de la 3D. +INFO
C’est plus précisément dans le quartier du Grand Châtelet, entre le pont au Change et le pont Notre-Dame, que la vidéo de 8 minutes 30 transporte le visiteur. « J’ai choisi ce quartier car il concentre 80 % des ambiances sonores du Paris de l’époque, raconte Mylène Pardoen. Que ce soit à travers les activités qu’on y trouve – marchands, artisans, bateliers, lavandières des bords de Seine… –, ou par la diversité des acoustiques possibles, comme l’écho qui se fait entendre sous un pont ou un passage couvert… » S’il existe déjà des vidéos sonorisées, c’est la première fois qu’une reconstitution en 3D est bâtie autour de l’ambiance sonore : les hauteurs des bâtiments comme les matériaux dans lesquels ils sont construits, torchis ou pierre, tiennent compte des sons perçus – étouffés, amplifiés… – et inversement.
Le paysage sonore a été reconstitué à partir de documents d’époque, notamment Le Tableau de Paris, publié en 1781 par Louis-Sébastien Mercier, et des travaux d’historiens comme Arlette Farge, spécialiste du XVIIIe, Alain Corbin, connu pour ses recherches sur l’histoire des sens, ou encore Youri Carbonnier, spécialiste des maisons sur les ponts. Au cours de la visite, on entend tour à tour le caquètement des volatiles du marché aux volailles, le bourdonnement des mouches attirées par les étals du marché au poisson, le métier à tisser de la bonneterie située à la pointe du pont au Change, les grattoirs des tanneurs de la rue de la Pelleterie, le choc des caractères placés sur la casse de l’imprimerie de la rue de Gesvres…, et les cris incessants des mouettes, attirées par les nombreux déchets qu’elles trouvaient dans la capitale. Soit, au total, 70 tableaux sonores.
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