Avec Art of random, Jean-Pierre TEXIER interroge la trace. Les thèmes de prédilection vont des retentissements champêtres aux échos sonores captés dans les galeries du métro. L’auteur n’hésite pas à habiter cette sorte d’unité de lieu, de temps et d’action que l’on pourrait appeler les confins du labyrinthe : là où, précisément, l’insignifiant se confond avec le mémorable. Ainsi, le monde contemporain évoqué par Art of random va de la terre au ciel. Et se présente comme une ruine susceptible de (re)devenir un terrain à bâtir.
Art of random explore la notion d’entropie, en la confrontant à des questions telles que le neutre cher à BLANCHOT, au syncrétisme des utopies urbaines et aux légendes élégiaques de la nature. Sur le mode d’une «archéologie d’instances sonores», l’auteur collecte des occurrences du méprisé et ses innombrables nuances aux quatre coins d’un monde dans lequel, renversant la proposition de LEIBNIZ, on pourra (sous-)entendre qu’il n’y a rien plutôt que quelque chose.
Inscrites dans un «monde passé sous silence», les images sonores d’Art of random sont débarrassées de prétention. Elles ne tiennent pas du reportage, elles annoncent le destin du traître mot face à l’obsolescence programmée du signe et de son refuge. Cependant, si le point d’écoute reste familier, les séquences sélectionnées flirtent aussi avec le registre de l’évidence : la vie est présente, de toute part. C’est ce prodige dialectique que l’artiste constate et célèbre dans le même temps. «L’inarration est le propre de mon travail. Je ne cherche pas à raconter une histoire, mais à inciter l’auditeur à entrer dans un espace dans lequel il puisse projeter une vie intérieure prétendument disparue». Une vie intérieure qui ne serait pas conditionnée par les dogmes, les rituels, les protocoles, mais qui conduise, de temps en temps, vers l’envie d’écouter le charme discret du Je-ne-sais-quoi et du Presque-rien.
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