Après dAdA ?
Dans le cadre de la manifestation « Le Tas d’Esprits » organisée par Ben, la galerie Lara Vincy propose une exposition intitulée « Après Dada ? » regroupant 50 artistes.
Cette question – titre de l’exposition – nous l’avons posée à chacun d’entre eux, les invitant à y répondre par un aphorisme et une ou plusieurs œuvres qui seront présentées dans la galerie. Nous avons choisi la citation qui nous semblait la mieux appropriée à ceux qui ne sont plus parmi nous.
A cette occasion, Charles Dreyfus, poète-plasticien et performer, a par ailleurs rédigé un texte, rappelant la filiation sprituelle qui relie la galerie à l’esprit inventé par Dada à son époque : transgression des codes, humour et dérision, subversion et critique de tout systématisme.
En effet , comment se situer après Dada sans parler :
– de Fluxus et du Happening dont les protagonistes se sont revendiqués dès le départ comme héritiers de Dada et de Duchamp, qu’il s’agisse de Ben, George Brecht, Robert Filliou (qui ne voulait appartenir à aucun mouvement), Nam June Paik, Charlotte Moorman, Takako Saito, Emmett Williams, Tomas Schmit, Al Hansen, Kudo, Koepcke, Serge III, Carolee Schneemann et Vostell.
– du groupe Zaj, aventure parallèle à Fluxus en Espagne avec Esther Ferrer.
– de Raymond Hains, représenté dans l’exposition par SAFFA, un des deux artistes qu’il a inventés en 1964 (avec SEITA), geste purement Dada, dont les œuvres sont des pochettes d’allumettes agrandies.
– du Eat Art avec Daniel Spoerri (dont le parcours se situe entre Nouveau Réalisme et Fluxus), ainsi que Dorothée Selz.
– de François Dufrêne, plasticien et poète génial auteur de La cantate des mots camés.
– de Wolman, fondateur de l’Internationale lettriste avec Debord dont il sera ensuite exclu pour développer son œuvre personnelle à l’écart de toutes les écoles.
– des artistes issus de la poésie sonore et de la performance près d’un siècle après les soirées de récital du célèbre Cabaret Voltaire à Zurich : Henri Chopin, Bernard Heidsieck, Julien Blaine, Françoise Janicot, Charles Dreyfus, Joël Hubaut, Arnaud Labelle-Rojoux, Jean-Luc Parant… Mais aussi certains artistes de la poésie visuelle et poésie-action comme Bartolomé Ferrando, Serge Pey, Alain Arias-Misson et Agrafiotis.
– du Lettrisme avec l’un de ses représentants : Roland Sabatier.
– de Charlemagne Palestine, un des pionniers de la musique minimaliste.
– de Joachim Montessuis dont l’activité se situe au confluent de la poésie sonore, du son bruitiste et de l’image électronique.
– des parcours individuels de Taroop & Glabel, Lafcadio Mortimer, Jean Dupuy, Denise A. Aubertin, Jonier Marin, Aurèle, Miller Levy, Soun-Gui Kim, Jiri Cernicky, Pascal Le Coq, Joël Ducorroy et François Guinochet…
– et de la nouvelle génération avec Marie Sochor qui fera une performance le soir de l’inauguration proposant au public d’avaler ses textes comestibles et Maxime Raffard qui rendra hommage à son oncle Dodo.
Les frontières entre tous ces artistes et ce que certains ont cru bon d’appeler « mouvements » ne sont pas clairement définies ; c’est la raison pour laquelle ils échappent pour la plupart à toute classification. Alors, pourquoi ensemble ? Parce qu’il flotte un certain état d’esprit mêlant humour, contestation et ironie dont le monde d’aujourd’hui ne saurait se passer.
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